Mon amour,
Sais-tu combien tu m'as rendue heureuse chaque jour, chaque minute qui s'est écoulée depuis que nous nous sommes croisés pour la première fois il y de ça vingt-cinq ans, dans ce supermarché démesuré où nous étions tous les deux un peu perdu ? Le sais-tu ?
Nous n'étions déjà plus de première fraîcheur, toi et moi, mais puisque la vie commence à soixante ans, nous l'avons croquée à pleines dents. Pas un seul jour ne s'est envolé sans que tu me fasses rire. Tu savais m'écouter, me consoler ou m'encourager. Nous avions des projets de jeunes gens et nous avons eu la chance de pouvoir les réaliser, ensemble. Je te prenais la main quand la force te faisait défaut. Tu me caressais la joue quand tes pensées s'arrêtaient en route, quelque part.
Tu te rappelles ce calendrier de l'avent que tu m'avais préparé, rien que pour moi ? De jolis petits sacs de tissus reliés par une ficelle tendue dans la salle à manger. Des pochettes surprises remplies de friandises et de gentillesse, des mots doux et des plaisirs. Mais je mélange tout. Ça, s'était avant, bien avant que ton cœur soit le seul encore capable de parler, avant que ton esprit ne se soit évadé dans un monde où je n'ai plus eu accès.
Mais moi aussi, maintenant, je m'égare un peu. Perdue dans la brume des souvenirs. Celui de ce vieil ami à toi que tu avais retrouvé sur le parking de la grande surface, le jour de notre rencontre. Celui de cet inconnu qui s'était invité à notre mariage. Celui de cet aide-soignant qui était venu à domicile nous aider quelques mois.
Mon amour, il m’a semblé t’avoir vu mourir hier au soir. Je ne sais plus. Est-ce important ? Tu es vivant dans mon cœur et je vais te rejoindre tout bientôt. Patience.
Sissi, ta femme pour la vie éternelle !
Alice de Castellanè
Le doigt d'Odette venait de se coincer entre le K et le L. Son bref cri de désolation se fondit dans la tourmente des cliquetis. Sa voisine hissa un sourcil compatissant sans tourner la tête, toute à sa missive qu'elle déployait staccato presto.
Mon buste contre ton torse, imberbe, fraise amidonnée, me caresse sous le froufrou des dentelles. Ton nez camus flaire l'affaire, pluie d'or et d'argent. Nos caissettes débordent. Jouissance entre tes longs doigts d'artiste. L'amour m'ensorcelle, mes robes tournoient, éclat opalescent. Nos reflets éclaboussent, ricochent. Abondance, magnétiques attraits, le monde à nos pieds.
Puis s
Ce n’est qu’arrivé au centre de l’allée « Conserves et condiments » que le vieux Matthieu se rendit compte qu’acheter une boîte de petits pois allait s’avérer plus complexe qu’il ne le l’avait imaginé.
Je t'attends. Tu pars, mais je serai là, sur ce banc, à ne penser qu'à toi, mon cher mari.
La ferme végète. Par manque d'hommes, de chevaux, tous au front à maîtriser l'ennemi.
Mais le potager et le verger ne nous ont pas délaissés.
Je peux nourrir le petit Paul et donner mon lait à notre Yvette qui ne connaît pas encore tes bras valeureux.
Le télégramm