Du haut du mont Al-Eakaial, le Professeur Max Maximillian, les mains dans les poches et un cigarillo au coin des lèvres, contemplait, tel Auguste son empire, le vaste champ de fouilles qui s'étalait au pied de la colline. Son équipe, composée en majorité de traîne-savate, avait creusé un puits d'accès à une nécropole souterraine, bric-à-braquement étayé par un chevalement. Elle était sur le point de percer le dernier mur qui séparait encore les vivants des morts et qui, selon les savants calculs de l'archéologue, promettait de mettre à jour de troublantes tablettes sumériennes érotiques et peut-être même, une série de sacrifices humains datant du paléolithique. Contrairement à certains de ses collègues, Max avait des goûts éclectiques et était capable d'embrasement, tant pour un vase antique qu'un primitif silex.
Aux mouvements désordonnés de sa fourmilière en contrebas et des cris hystériques qui sortaient des tréfonds de la terre, il estima que le moment fatidique de la découverte approchait suffisamment pour qu'il daigne descendre, lui aussi, au fond du puits.
À peine arrivé au cœur de l'action, qu'un violent tourment urinaire le fit remonter d'urgence à la surface. Bien lui en prit, car ce fut à cet instant exact qu'un berger évadé d'une scène pastorale, tel un taureau aveuglé, fondit avec son quad sur la structure de l'excavation qu'il fit s'écrouler dans force poussières pouacres.
On ne retrouva aucune antiquité dans les décombres, tout juste quelques dents cassées.
Alice de Castellanè
Saint-Rémy de Provence — Janvier 1894
Augustine serrait dans ses grosses mains rêches de paysanne la vieille corde de chanvre qui servait d'ordinaire à hisser les bottes de foin dans le grenier. Elle la tournait et retournait, comme pour en tester la solidité, alors qu'en réalité, elle testait son propre courage.
Ce n’est qu’arrivé au centre de l’allée « Conserves et condiments » que le vieux Matthieu se rendit compte qu’acheter une boîte de petits pois allait s’avérer plus complexe qu’il ne le l’avait imaginé.
Anaïs déploya ses petits bras trop maigres, prête à s'enfuir. Elle les agita, mimant l’envol d’un oiseau.
Qu'attendaient-ils là haut ?
Pour ne pas flétrir cette aura de zénitude qui l'enveloppait, elle glissa sur le faux sable devant l'hologramme de plage ensoleillée. Ses jambes, deux baguettes fragiles, la soutenaient dans une danse évanescente. Tout
D'un trait vif, il esquissa les yeux fatigués de Louise. Il redonna à sa silhouette pesante, alourdie par les aléas de sa morne existence, une seconde vie.