Mon buste contre ton torse, imberbe, fraise amidonnée, me caresse sous le froufrou des dentelles. Ton nez camus flaire l'affaire, pluie d'or et d'argent. Nos caissettes débordent. Jouissance entre tes longs doigts d'artiste. L'amour m'ensorcelle, mes robes tournoient, éclat opalescent. Nos reflets éclaboussent, ricochent. Abondance, magnétiques attraits, le monde à nos pieds.
Puis sourires d'aisance, de bienséance, masque de fer dans des atours de velours. Chute démoniaque, perruque mitée, le vide s'engouffre dans nos coffres. Force centrifuge, évacuation du monde. Disparition. Désillusions. Mais l'amour, bouclier, rempart du mal et de la trahison nous drape, nous enserre. Nus sur des planches de bois disjointes, rien que nous deux. Boire à la vie, au renouveau. Des plaisirs de chairs et de rêves. Nos projets nous transportent, chevauchée débridée, confiance, fanfaronnade. Reconquête. Des braises, rebâtir notre monde.
Tourne, tourne mes jupes à froufrous, tourne dans le bal des ors. Le meilleur et le pire, puis à nouveau le meilleur. Deux, trois enfants, perpétuité de notre amour. Tristesse et mélancolie, la jalousie nous harcèle tour à tour, mais ne mord. Quelques cicatrices, vite effacées sous nos ardants baisers.
Carrousel du temps, tâtonne, rejoint le fil du ruisseau paisible. Se perd dans le pré, s'éclipse, s'évanouit. Enterré à jamais les questions sans réponses, les heurts et les bonheurs. L'amour est nous, pour l'éternité et un jour. Sans folie, sans étincelles superficielles. Juste nous. Ton cœur contre mon cœur.
Alice de Castellanè
— Ladiez and gentlemen, diz way pleaz !
Oh bonne mère ! Si un jour, on m'avait dit que le purgatoire c'était ça ! Cela doit bien faire cinq cent ans et des brouettes que je hante nuit et jour cette cathédrale et en toute honnêteté, les quelques années précédentes ont été les plus difficiles. Cette guide-là doit être à l'évidence la dernière épreuve que Saint-Pierre m'envoie avant de m'ouv
— Ce sont ses cris.
— Comme presque chaque matin.
— Quand il n'est pas là.
— Il n'est pas souvent là.
— La voilà qui s'échappe.
— Elle vient vers nous.
***
Les yeux barbouillés de brouillard, Adriana dévala les quatre marches du perron. Il s'en fallut de peu qu'elle se prenne les bottines dans ses nombreux jupons blancs.
D'un trait vif, il esquissa les yeux fatigués de Louise. Il redonna à sa silhouette pesante, alourdie par les aléas de sa morne existence, une seconde vie.
Je t'attends. Tu pars, mais je serai là, sur ce banc, à ne penser qu'à toi, mon cher mari.
La ferme végète. Par manque d'hommes, de chevaux, tous au front à maîtriser l'ennemi.
Mais le potager et le verger ne nous ont pas délaissés.
Je peux nourrir le petit Paul et donner mon lait à notre Yvette qui ne connaît pas encore tes bras valeureux.
Le télégramm