Mon buste contre ton torse, imberbe, fraise amidonnée, me caresse sous le froufrou des dentelles. Ton nez camus flaire l'affaire, pluie d'or et d'argent. Nos caissettes débordent. Jouissance entre tes longs doigts d'artiste. L'amour m'ensorcelle, mes robes tournoient, éclat opalescent. Nos reflets éclaboussent, ricochent. Abondance, magnétiques attraits, le monde à nos pieds.
Puis sourires d'aisance, de bienséance, masque de fer dans des atours de velours. Chute démoniaque, perruque mitée, le vide s'engouffre dans nos coffres. Force centrifuge, évacuation du monde. Disparition. Désillusions. Mais l'amour, bouclier, rempart du mal et de la trahison nous drape, nous enserre. Nus sur des planches de bois disjointes, rien que nous deux. Boire à la vie, au renouveau. Des plaisirs de chairs et de rêves. Nos projets nous transportent, chevauchée débridée, confiance, fanfaronnade. Reconquête. Des braises, rebâtir notre monde.
Tourne, tourne mes jupes à froufrous, tourne dans le bal des ors. Le meilleur et le pire, puis à nouveau le meilleur. Deux, trois enfants, perpétuité de notre amour. Tristesse et mélancolie, la jalousie nous harcèle tour à tour, mais ne mord. Quelques cicatrices, vite effacées sous nos ardants baisers.
Carrousel du temps, tâtonne, rejoint le fil du ruisseau paisible. Se perd dans le pré, s'éclipse, s'évanouit. Enterré à jamais les questions sans réponses, les heurts et les bonheurs. L'amour est nous, pour l'éternité et un jour. Sans folie, sans étincelles superficielles. Juste nous. Ton cœur contre mon cœur.
Alice de Castellanè
Un pas, puis un autre, encore et encore, Mathilde tirait le cadavre de Solange, l'une de ses consœurs, avec courage et détermination sur ce terrain fort malaisé, encombré de pierres de toutes sortes, et même quelques montagnes, dont le Kilimandjaro à n'en point douter.
Script : Terre de la terre (court métrage)
Distribution :
Une borie, tas de pierres amoncelées au fil du hasard, se dressait à deux pas du Petit Chaperon Rouge. Deux longues enjambées et elle pourrait trouver refuge dans cette rustique masure.
La bouche déversait un flot continu de grossièretés qui s'écoulaient sur le sol pour former une mélasse malodorante. Le peintre, genoux à terre, recevait cette boue verbeuse à pleines mains pour la sublimer sur son immense toile.