Mon buste contre ton torse, imberbe, fraise amidonnée, me caresse sous le froufrou des dentelles. Ton nez camus flaire l'affaire, pluie d'or et d'argent. Nos caissettes débordent. Jouissance entre tes longs doigts d'artiste. L'amour m'ensorcelle, mes robes tournoient, éclat opalescent. Nos reflets éclaboussent, ricochent. Abondance, magnétiques attraits, le monde à nos pieds.
Puis sourires d'aisance, de bienséance, masque de fer dans des atours de velours. Chute démoniaque, perruque mitée, le vide s'engouffre dans nos coffres. Force centrifuge, évacuation du monde. Disparition. Désillusions. Mais l'amour, bouclier, rempart du mal et de la trahison nous drape, nous enserre. Nus sur des planches de bois disjointes, rien que nous deux. Boire à la vie, au renouveau. Des plaisirs de chairs et de rêves. Nos projets nous transportent, chevauchée débridée, confiance, fanfaronnade. Reconquête. Des braises, rebâtir notre monde.
Tourne, tourne mes jupes à froufrous, tourne dans le bal des ors. Le meilleur et le pire, puis à nouveau le meilleur. Deux, trois enfants, perpétuité de notre amour. Tristesse et mélancolie, la jalousie nous harcèle tour à tour, mais ne mord. Quelques cicatrices, vite effacées sous nos ardants baisers.
Carrousel du temps, tâtonne, rejoint le fil du ruisseau paisible. Se perd dans le pré, s'éclipse, s'évanouit. Enterré à jamais les questions sans réponses, les heurts et les bonheurs. L'amour est nous, pour l'éternité et un jour. Sans folie, sans étincelles superficielles. Juste nous. Ton cœur contre mon cœur.
Alice de Castellanè
Son truc, c'était les châles. Elle en tricotait ou crochetait des dizaines chaque année. Elle choisissait avec soin des laines artisanales, filées par des mains habiles. De temps à autre, elle s'octroyait quelques fantaisies avec des perles incrustées ou des fils piquetés de « kibrille ». Ses clientes appréciaient.
— Une maille à l'endroit, un jeté, trois mailles à l’endroit, deux maill
Ses pas menus résonnent sur les dalles du sentier. Ils cliquettent, tantôt guillerets, tantôt inquiets. Où va-t-elle au juste ? Dans le labo, à l'autre bout du parc, là où les lumières, coloris francs, brillent raides et glaciales. Un monde à l'opposé de l'auberge dont elle a fermé la porte d'une main pourtant certaine. Oui, il le faut, elle a choisi. Cette cure detox, elle en a besoin. Elle en
Saint-Rémy de Provence — Janvier 1894
Augustine serrait dans ses grosses mains rêches de paysanne la vieille corde de chanvre qui servait d'ordinaire à hisser les bottes de foin dans le grenier. Elle la tournait et retournait, comme pour en tester la solidité, alors qu'en réalité, elle testait son propre courage.
Pièce en 1 acte
Le foyer des artistes, derrière la grande scène de l’Opéra de Paris. La pièce est nue, sauf quelques chaises çà et là. Six ou sept danseuses en tutu vont et viennent sur la scène, s’étirent, font des pauses, des mines. Au fond, côté jardin, trois hommes distingués, en habit noir et haut de forme les admirent ou les jugent.