Commencez par découper 2 bouvreuils en 6 morceaux, éventuellement après les avoir plumés, vidés et étêtés (selon vos goûts personnels).
Mettez-les à mariner dans une émulsion éburnéenne que vous aurez réalisée au préalable avec 50 cl de lait de coco, 2 feuilles de curry (Kaloupilé), 1 petit piment rouge coupé en deux et épépiné et quelques grains de poivre.
Pendant que les oiseaux trempotent, défoliez un baby plant de yucca et hachez l'équivalent de 5 grosses pognes d'homme des bois.
Faites revenir 1 oignon émincé dans de l'huile d'olive, jetez le hachis de plante verte et déglacez avec 3 dl de vin de pêche que vous aurez préalablement chaptalisé avec 2,5 kg de sucre. Laissez caraméliser.
Retirez le gibier de la marinade et suspendez-les à la corde à linge pour les égoutter quelques longues minutes.
Ajoutez la purée caramélisée à la marinade et amalgamez le tout avec grâce. Donnez un bouillon et patientez pendant que ça refroidit.
Avec une louche, enlevez un peu de jus surnuméraire et extrapolez ce que vous pourriez en faire. Pendant que vous réfléchissez, armez-vous du journal régional (et profitez-en pour relire les promesses électorales) puis froissez-le avec soin. N’ayez pas peur, les palinodies de votre candidat local ne vous exploseront pas à la figure. Mettez ces boulettes de côté.
Dans de l'huile d'olive première pression, saisissez à vif les bestioles asséchées et déposez les morceaux dans une cocotte en céramique. Couvrez avec le reste de sauce.
Éliminez la coke, le hasch et la calamine du poêle à combustion lente du salon. Selon le principe du pollueur-payeur, versez le tout dans la benne à ordure du supermarché le plus proche.
Au fond du poêle, lancez quelques bûchettes que vous aurez taillées le matin même à la machette, déposez dessus les boulettes de papier journal et allumeeeeez le feu (!). Nichez la marmite au creux des braises et poireautez une dizaine d'heures.
Lorsque la volaille atteint une dureté adamantine, servez sans attendre à votre belle-mère.
Bon appétit !
Alice de Castellanè
La vieille patiente là, sur le pavé, rue Picpus, son étal à ses pieds. Comme chaque matin de chaque année depuis des lustres. Sur le tréteau de bois fatigué, trois boîtes de fer.
Il l’é
Paris, le 21 septembre 1897
Monsieur,
Où trouvé-je la force de commencer cette lettre par un cérémonieux « Monsieur » ?
Le train glissa en silence dans la lumière diffuse du mitan, abandonnant Cathy sur le quai désert. Décontenancée par l’absence de signalétique, elle farfouilla dans son sac et en ressortit la précieuse photographie. C’était bien ici, elle ne s'était pas trompée : le même village étincelait en face d'elle, sur la colline. Rassérénée, elle entreprit de gravir d’un bon pas la faible côte.
Un pas, puis un autre, encore et encore, Mathilde tirait le cadavre de Solange, l'une de ses consœurs, avec courage et détermination sur ce terrain fort malaisé, encombré de pierres de toutes sortes, et même quelques montagnes, dont le Kilimandjaro à n'en point douter.