Commencez par découper 2 bouvreuils en 6 morceaux, éventuellement après les avoir plumés, vidés et étêtés (selon vos goûts personnels).
Mettez-les à mariner dans une émulsion éburnéenne que vous aurez réalisée au préalable avec 50 cl de lait de coco, 2 feuilles de curry (Kaloupilé), 1 petit piment rouge coupé en deux et épépiné et quelques grains de poivre.
Pendant que les oiseaux trempotent, défoliez un baby plant de yucca et hachez l'équivalent de 5 grosses pognes d'homme des bois.
Faites revenir 1 oignon émincé dans de l'huile d'olive, jetez le hachis de plante verte et déglacez avec 3 dl de vin de pêche que vous aurez préalablement chaptalisé avec 2,5 kg de sucre. Laissez caraméliser.
Retirez le gibier de la marinade et suspendez-les à la corde à linge pour les égoutter quelques longues minutes.
Ajoutez la purée caramélisée à la marinade et amalgamez le tout avec grâce. Donnez un bouillon et patientez pendant que ça refroidit.
Avec une louche, enlevez un peu de jus surnuméraire et extrapolez ce que vous pourriez en faire. Pendant que vous réfléchissez, armez-vous du journal régional (et profitez-en pour relire les promesses électorales) puis froissez-le avec soin. N’ayez pas peur, les palinodies de votre candidat local ne vous exploseront pas à la figure. Mettez ces boulettes de côté.
Dans de l'huile d'olive première pression, saisissez à vif les bestioles asséchées et déposez les morceaux dans une cocotte en céramique. Couvrez avec le reste de sauce.
Éliminez la coke, le hasch et la calamine du poêle à combustion lente du salon. Selon le principe du pollueur-payeur, versez le tout dans la benne à ordure du supermarché le plus proche.
Au fond du poêle, lancez quelques bûchettes que vous aurez taillées le matin même à la machette, déposez dessus les boulettes de papier journal et allumeeeeez le feu (!). Nichez la marmite au creux des braises et poireautez une dizaine d'heures.
Lorsque la volaille atteint une dureté adamantine, servez sans attendre à votre belle-mère.
Bon appétit !
Alice de Castellanè
– Seigneur, voilà que la première vendeuse se pâme !
– Vous croyez qu'elle est grosse ?
– Il se peut. Cela fait trois mois tout juste qu'elle a épousé Pierre Guichard, le second à la soie.
– Et ce Pierre-là serait le père ?
– Vous en doutez ?
– Ces dernières semaines, je l'ai souvent vue dans le bureau du sous-directeur.
– Voulez-vous dire qu'elle a… qu'avec
— Tu me sembles épuisé. Ta journée ne t'a pas apporté toute la satisfaction espérée ?
— Tais-toi, j'ai pas envie d'en parler.
— Je crois que si, bien au contraire. C'est non seulement la fatigue que je peux lire sur ton visage, mais aussi de la tristesse. Peut-être. Ou de la crainte, je n'arrive pas toujours à décrypter tes expressions.
— De quoi j'aurais peur,
Ses pas menus résonnent sur les dalles du sentier. Ils cliquettent, tantôt guillerets, tantôt inquiets. Où va-t-elle au juste ? Dans le labo, à l'autre bout du parc, là où les lumières, coloris francs, brillent raides et glaciales. Un monde à l'opposé de l'auberge dont elle a fermé la porte d'une main pourtant certaine. Oui, il le faut, elle a choisi. Cette cure detox, elle en a besoin. Elle en
Saint-Rémy de Provence — Janvier 1894
Augustine serrait dans ses grosses mains rêches de paysanne la vieille corde de chanvre qui servait d'ordinaire à hisser les bottes de foin dans le grenier. Elle la tournait et retournait, comme pour en tester la solidité, alors qu'en réalité, elle testait son propre courage.