Commencez par découper 2 bouvreuils en 6 morceaux, éventuellement après les avoir plumés, vidés et étêtés (selon vos goûts personnels).
Mettez-les à mariner dans une émulsion éburnéenne que vous aurez réalisée au préalable avec 50 cl de lait de coco, 2 feuilles de curry (Kaloupilé), 1 petit piment rouge coupé en deux et épépiné et quelques grains de poivre.
Pendant que les oiseaux trempotent, défoliez un baby plant de yucca et hachez l'équivalent de 5 grosses pognes d'homme des bois.
Faites revenir 1 oignon émincé dans de l'huile d'olive, jetez le hachis de plante verte et déglacez avec 3 dl de vin de pêche que vous aurez préalablement chaptalisé avec 2,5 kg de sucre. Laissez caraméliser.
Retirez le gibier de la marinade et suspendez-les à la corde à linge pour les égoutter quelques longues minutes.
Ajoutez la purée caramélisée à la marinade et amalgamez le tout avec grâce. Donnez un bouillon et patientez pendant que ça refroidit.
Avec une louche, enlevez un peu de jus surnuméraire et extrapolez ce que vous pourriez en faire. Pendant que vous réfléchissez, armez-vous du journal régional (et profitez-en pour relire les promesses électorales) puis froissez-le avec soin. N’ayez pas peur, les palinodies de votre candidat local ne vous exploseront pas à la figure. Mettez ces boulettes de côté.
Dans de l'huile d'olive première pression, saisissez à vif les bestioles asséchées et déposez les morceaux dans une cocotte en céramique. Couvrez avec le reste de sauce.
Éliminez la coke, le hasch et la calamine du poêle à combustion lente du salon. Selon le principe du pollueur-payeur, versez le tout dans la benne à ordure du supermarché le plus proche.
Au fond du poêle, lancez quelques bûchettes que vous aurez taillées le matin même à la machette, déposez dessus les boulettes de papier journal et allumeeeeez le feu (!). Nichez la marmite au creux des braises et poireautez une dizaine d'heures.
Lorsque la volaille atteint une dureté adamantine, servez sans attendre à votre belle-mère.
Bon appétit !
Alice de Castellanè
Elle vit dans son trou, comme on vit dans une tombe. Personne ne vient la voir, ou si peu. Même le soleil ne luit plus dans sa boutique. Sur les étagères, des rouleaux de tissus sombres, d'une autre époque, de lourds velours, des gris, du brun, rien de chatoyant.
Pièce en 1 acte
Le foyer des artistes, derrière la grande scène de l’Opéra de Paris. La pièce est nue, sauf quelques chaises çà et là. Six ou sept danseuses en tutu vont et viennent sur la scène, s’étirent, font des pauses, des mines. Au fond, côté jardin, trois hommes distingués, en habit noir et haut de forme les admirent ou les jugent.
La partie de boules s'éternisait sous un soleil qui ne faiblissait guère. Le Marcel avait dû se coltiner le Parigot qui jouait comme on joue aux billes, en s'amusant. Il ne prenait jamais rien au sérieux et la série de pastis qu'il venait d'ingurgiter avec des glaçons — oh pauvre — n'arrangeait en rien ses affaires.
Lieu :
Atelier du peintre, pots de peinture alignés sur le sol, toile format XXL fixée à l’un des murs.
MP3 :
« Dies irae » suivit du « Lacrimosa » (Requiem de Mozart).
Ambroise, le peintre, sort de sa méditation. La séance de peinture automatique peut commencer. Musique.
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