À l'heure de none, dans ce jardin provençal que rien ne distingue, où santolines et lavandes fusionnent en un écrin d'ocre et d'améthyste, le temps de la sieste s'étire imperceptiblement.
Elle lève le nez et entrevoit une vie de délice dans un ciel d'un bleu intense. Son ressenti s'exprime au-delà du visible. Toutes les promesses de la belle saison, chaleur et plaisirs, effacent les souvenirs déjà lointains des sombres années passées sous terre. Après une rapide toilette au soleil, ses ailes de fines dentelles méticuleusement séchées, Roxane s'envole vers l'un de ses nombreux prétendants qui stridulent avec allégresse dans la canopée.
Une cigale est née, pour ne profiter que l'espace d'un court été d'une vie de bohème puis mourir avec les fleurs quand meurent les jours.
Alice de Castellanè
Chaque jour, à la même heure, je m’alanguis sur le sable doré, une bière-limonade à portée de main, paille et rondelle de citron. Et l’immuable ombrelle de papier.
Les flammes vacillantes des torches ruisselaient dans l'Arno, plongeant entre les embarcations. Le regard de Lorenzo se noya dans ce clair-obscur. Accroupi sur la berge, à l'écart de l'antique ponte Vecchio détruit1 et de la foule pressée de regagner ses pénates, il se balançait, irrésolu.
La pluie tombe d'une langueur monotone. J'avance au rythme de mon frère qui me précède d'un pas imperturbable. Les gouttes cabriolent à mes côtés, me percutent, dansent sur mon dos.
La bouche déversait un flot continu de grossièretés qui s'écoulaient sur le sol pour former une mélasse malodorante. Le peintre, genoux à terre, recevait cette boue verbeuse à pleines mains pour la sublimer sur son immense toile.